Une commission indépendante valide un dispositif de traçage anti-coronavirus en France

La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a entériné dimanche sous conditions un dispositif prévu par le gouvernement français pour retracer les contacts avec les personnes infectées par le coronavirus, afin de freiner la popagation de l’épidémie.

Une commission indépendante valide un dispositif de traçage anti-coronavirus en France

AFP

La Cnil est une autorité administrative indépendante, chargée de veiller à ce que l’informatique ne porte pas atteinte aux droits de l’homme, à la vie privée ou aux libertés.

L’application de traçage StopCovid a été déclarée « conforme » mais à condition de renforcer les garanties de protection des libertés, et d’évaluer régulièrement son utilité.

Ce dispositif doit permettre, lors du déconfinement à partir du 11 mai, de répertorier les contacts avec des malades du Covid-19. L’application sur smartphone, inspirée de stratégies déployées par Singapour notamment, doit alerter les personnes l’ayant téléchargée quand elles ont côtoyé, par exemple dans un train ou un métro, des personnes diagnostiquées positives au Covid-19, et elles-mêmes équipées.

Plusieurs autres pays européens étudient ce type de dispositif.

Il sera basé en France sur le volontariat, anonyme, temporaire et transparent, a promis le gouvernement.

L’objectif est d’encourager les personnes averties à se faire tester et à s’isoler. StopCovid permettrait aussi de cartographier l’évolution de l’épidémie, qui a tué 22.614 personnes en France depuis début mars, selon un bilan communiqué le 25 avril.

Selon la Cnil, dans un « contexte exceptionnel de gestion de crise », le dispositif est conforme aux exigences européennes « si certaines conditions sont respectées ».

Il faut en particulier qu’il « s’inscrive dans un plan d’ensemble » de lutte contre l’épidémie, et respecte le volontariat et l’utilisation de pseudonymes.

Pas question aussi pour la Cnil de refuser un test ou un billet de train à une personne qui refuserait d’utiliser l’application.

La Cnil relève que l’efficacité de StopCovid dépendra d’une « large adoption par le public ». Et ce au moment où seuls 39 % des Français font confiance au gouvernement pour faire face efficacement au coronavirus, selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche.

Le gouvernement présente mardi à l’Assemblée nationale sa stratégie de déconfinement, dont cette application fait partie.

Volte-face de Berlin, qui plébiscite Google et Apple

Le gouvernement allemand a décidé dimanche de soutenir finalement une application de traçage de porteurs du coronavirus utilisant la technologie développée par Google et Apple, abandonnant une solution nationale critiquée pour son défaut de protection de la vie privée.

Selon le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn, et le chef de cabinet de la chancelière Angela Merkel, Helge Braun, Berlin privilégie désormais une «architecture décentralisée» qui permettrait de stocker les données des utilisateurs sur leur propre téléphone plutôt que dans une base de données centrale.

«Notre objectif est que l’application de traçage soit prête à être utilisée très bientôt et qu’elle soit largement acceptée par la population», ont déclaré M. Spahn et M. Braun dans une déclaration commune.

A l’instar de l’Allemagne ou de la France, plusieurs pays européens qui cherchent à se prémunir d’une relance de l’épidémie lors du déconfinement, étudient ce type de dispositif, qui repose sur la technologie «Bluetooth» permettant à des smartphones de communiquer entre eux.

Jusqu’à présent, Berlin avait jeté son dévolu sur une application paneuropéenne connue sous le nom de PEPP-PT, développée par quelque 130 scientifiques européens, dont des experts de l’institut de recherche allemand Fraunhofer et de l’organisme de santé publique de l’Institut Robert Koch.

Mais cette application a rencontré une forte opposition car il était prévu que les données soient stockées sur un serveur central, suscitant les craintes que des gouvernements récupèrent ces données personnelles et s’en servent à des fins de surveillance.

Dans une lettre ouverte publiée en début de semaine, quelque 300 universitaires ont exhorté les gouvernements à rejeter cette approche centralisée au profit de celle d’Apple et Google. Leur système d’exploitation, qui équipe la plupart des smartphones dans le monde, est plus respectueux de la vie privée, ont-ils fait valoir.

La Commission européenne a également recommandé que les données recueillies par ces applications de traçage ne soient stockées que sur les téléphones des utilisateurs et soient cryptées.

Le gouvernement allemand a souligné à plusieurs reprises que l’utilisation de toute application de traçage serait volontaire et l’utilisateur anonyme, dans un pays encore hanté par les pratiques de surveillance et de délation des citoyens à l’oeuvre sous le régime totalitaire nazi puis communiste.

Source : SUDINFO

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