Le gouvernement va supprimer 2000 places de prisons à cause du budget 2020
Les coups de rabot que s’apprête à imposer Bercy au ministère de la Justice risquent d’annuler la construction de 2000 places de prison supplémentaires, dont l’Administration pénitentiaire a un besoin crucial.
«Vous verrez avec mon collègue Darmanin, à l’annonce du budget à la fin du mois, il a des annonces à faire», rapportent les syndicats. Ce mercredi-là, face aux partenaires sociaux de la Pénitentiaire, Nicole Belloubet a le visage fermé. Les premières lettres de cadrage budgétaires délivrées en juillet par Bercy sont confirmées. Le ministère de la Justice doit manger son chapeau et s’asseoir sur les promesses faites lors du vote de la loi de programmation de la justice. Pour le budget 2020, la hausse promise de 400 millions sera rabotée de 200 millions pour atteindre une enveloppe globale de 7,5 milliards d’euros au lieu des 7,7 milliards attendus.
De quoi faire bondir FO-pénitentiaire qui a bien compris que la première victime collatérale serait l’Administration pénitentiaire. «Au début du quinquennat, il était question de 15.000 places, puis rapidement de 7000 et désormais nous savons que nous n’y arriverons pas», s’indigne Yoan Karar de FO-pénitentiaire-surveillants. L’inquiétude est la même du côté de leurs alter ego de FO-pénitentiaire-direction.

Tous redoutent que, sur l’autel des économies budgétaires, soient sacrifiées ces fameuses structures d’accompagnement à la sortie, plus faciles à faire sortir de terre que des maisons d’arrêt ou des centres de détention. Soit 2000 places de prison dont l’acronyme SAS était bien en phase avec son objet: désengorger en urgence des prisons françaises en état de surpopulation carcérale en orientant les détenus le plus rapidement possible vers le dehors.
«Différer les écrous»
«D’autant que, jusqu’aux municipales, bien des projets à l’étude sont gelés comme la maison d’arrêt de Nice, les projets pénitentiaires de Grenoble et du Val-de-Marne». Seuls se poursuivront ceux déjà lancés et avancés tels le centre pénitentiaire de Caen ou la maison d’arrêt de Basse-Terre.
La Chancellerie, qui a refondu l’échelle des peines afin de limiter l’usage des courtes peines – moins d’un an de prison – sait aussi qu’il faudra du temps aux magistrats pour s’emparer des alternatives à l’incarcération. «L’étude d’impact de la loi justice faisait valoir que renoncer aux courtes peines pourrait faire baisser la population carcérale de 5000 détenus. Mais personne ne croit à la rigueur de tels chiffres», souligne ce très bon connaisseur de la donne pénitentiaire. Au point d’ailleurs que lors des deux séminaires successifs au printemps dernier, les directeurs de prison ont été vivement pressés «de faire preuve d’inventivité pour différer les écrous, aménager et réduire les peines», souligne Sébastien Nicolas, secrétaire national de FO-pénitentiaire-direction.
Source : LEFIGARO